Activités de Parthages

mercredi, 06 février 2019 12:16

Handicap – Intimité – Vie affective

Lors de la conférence, organisée dans les locaux de l'IHECS ce lundi 6/2, nous avons pu entendre différents intervenants débattre de la question délicate de la vie affective et sexuelle des personnes handicapées.

Nous avons eu le plaisir d'entendre les orateurs suivants :

  • - Fabienne Cornet, assistante sociale
  • - Michel Mercier, professeur de psychologie à l'Université de Namur
  • - François Joseph Warlet, magistrat
  • - Sara Tavares Gouveia, historienne
  • - Olivier Ruelle, psychologue et Fabienne Beauchot, éducatrice au sein de l'asbl « Albatros »
  • - Jean-Michel Carré, réalisateur du film « Sexe, amour et handicap » (film visible sur Internet : http://www.tagtele.com/videos/voir/68433)

Pour comprendre le malaise qui tourne autour de ce sujet, il faut d'une part, remonter au moment de l'annonce du diagnostic et d'autre part, analyser les représentations sociales de la personne handicapée.

L'annonce du diagnostic de handicap provoque un choc chez les parents qui doivent, brusquement, faire le deuil de ce dont ils ont toujours rêvé pour leur enfant. Ils n'annoncent généralement pas auprès de leur famille et amis la naissance d'une fille ou d'un garçon mais d'un handicapé.

Déjà, à ce stade-là, il se crée un décalage dans la représentation sociale de la personne handicapée. Elle n'a pas d'identité sexuelle mais une identité stigmatisée par son handicap. L'enfant est enfermé, dès la naissance, dans trois catégories de représentations sociales, définies par Jean-Sébastien Morvan, à savoir : l'infantilisation, l'inadaptation et l'affectivité close.

Françoise Héritier complètera ceci par la représentation particulière de la féminité dont souffre la femme handicapée : fragilité accrue, défaut de procréation, défaut de séduction.

L'accompagnant sexuel vient perturber ces représentations sociales ancrées des personnes valides. L'idée même qu'une personne handicapée puisse avoir une vie sexuelle bouleverse le postulat de départ de l'asexualité.

Les témoignages des personnes handicapées, qui ont eu accès d'une manière ou une autre à une sexualité, une sensualité ou une expérience sensorielle quelconque, prouvent à quel point celles-ci ont eu un impact positif sur la valorisation de leur corps, leur image de soi, leur bien-être personnel...

Le corps devient moins lourd à porter, le handicap moins difficile à supporter...

Un cadre légal permettant à ces personnes de renouveler ces expériences en connaissance de cause, dans un milieu sain et protecteur, devient plus que nécessaire et légifèrera ce qui se déroule clandestinement dans des milieux peu recommandables, criminogènes,...

Olivier Ruelle et Fabienne Beauchot, de l'asbl « Albatros », expliquent la manière dont sont gérées la vie affective et la formation de couples au sein de leur institution.

Grâce à un cadre précis et délimité, ils permettent à leurs résidents de vivre pleinement leur relation. Une sorte de « mariage » symbolique permet aux résidents de faire reconnaître le couple aux yeux des autres, de leur famille et du personnel. Un contrat lie les deux personnes. Elles bénéficient d'un apprentissage des règles qui régissent le couple : respect de l'autre, de soi, de ce qui peut se faire ou non...

L'asbl n'encadre pas, par contre, le désir d'enfants. Elle redirige la demande vers des associations ou personnes aptes à répondre et cadrer ce sujet.

Nous avons pu assister à la projection d'extraits du film « Sexe, amour et handicap » de Jean-Michel Carré que nous vous recommandons vivement. Il traite avec émotions les frustrations, besoins, et difficultés que rencontrent les personnes handicapées. (Film visible sur Internet : http://www.tagtele.com/videos/voir/68433)

Enfin, nous avons pu entendre les témoignages de personnes invitées dont nous pouvons vous citer les extraits suivants :

Sonia, ancienne prostituée et représentante des prostituées de Belgique : « Certains de mes clients handicapés étaient plus normaux que mes clients valides »

Personnes handicapées :

« Les caresses sont fondamentales et enrichissantes »

« Je suis fatiguée des démarches. Je souhaite être soulagée en ayant des droits et en sachant qu'il existe des règles qui encadreraient mieux la sexualité des personnes handicapées »

« J'aimerais avoir le droit de décider de qui peut s'occuper de mon corps »

« Je souhaiterais que des services comme ceux de l'Albatros s'étendent avec les règles en plus et que ce soit aussi pour les personnes handicapées physiques, pas seulement pour les mentaux »

« On a un regard, une conscience. Quand on est près d'une femme, on culpabilise car on a une dépréciation plus forte de son corps. La caresse est très importante car elle annule le regard de l'autre qui peut tuer »

N'hésitez pas à visiter le site HAXY qui traite de différentes questions touchant au thème de l'affectivité et de la sexualité des personne handicapées : http://www.haxy.be

Auteur : Hanane RISAYINDI - Responsable communication chez Parthages asbl